Tombé les voiles (3eme partie)

Publié le par André Herbert

     Lorsqu’il se réveilla, son crâne le lançait horriblement. Une douleur vive traversait son ventre et il ressentait l’envie de vomir. Mais Jamie prit sur lui et se redressa. Le banquier se trouvait dans un hamac, dans l’entrepont de ce qui ressemblait à un navire. Devant et derrière lui s’étendaient d’autres draps blancs tendus et qui se balançaient à un rythme régulier. Ce balancement accentua son mal de ventre. Jamie quitta tant bien que mal son lit de fortune et tenta tant bien que mal d’atteindre le petit escalier qui menait à l’extérieur. Il manqua plusieurs fois de chavirer à l’autre bout de l’entrepont, mais parvint à la porte. En l’entrouvrant, sa stupeur fut grande. Des femmes, s’activaient dans les haubans tandis que d’autres s’entrainaient au maniement du sabre d’abordage. Elles n’y allaient pas de main morte et ne retenaient pas leurs coups. La capitaine, entourée d’une dizaine de femmes, esquivait aisément les coups et en distribuait d’autres. Jamie se cacha derrière un tonneau et observa la scène. Les femmes lançaient parfois de leurs mains des sphères lumineuses dont les effets variaient, du simple bleu à la brulure. Sydney désarma un, puis deux, puis trois adversaires, en repoussa deux autres, se saisit de l’arme d’une et en envoya valser quatre. Elle jeta un œil vers un tonneau et tendit sa main. Jamie sentit le baril décoller du sol et en à peine quelques seconde le poids des regards de l’équipage. Deux pirates se saisirent de lui et l’emmenèrent face au capitaine qui s’épongea légèrement, à peine essoufflée.

- Vous voilà enfin réveillé, dit-elle. J’espère que ces 24 heures de sommeil vous ont été bénéfique.

- Pas vraiment, j’ai envie de dégobiller et ma tête me fait horriblement mal. On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un hôtel 5 étoiles.

Tu veux peut-être que j’accentue ton mal de crâne, petit aristocrate ? menaça Mildra, la pirate rouquine.

- Laisse ! Je constate que notre invité ne manque pas d’humour, ni d’aplomb. Mais je dois vous mettre en garde : mon équipage ne partage pas la même patience que moi. De plus, je me dois de vous informer que vous êtes notre prisonnier jusqu’au paiement d’une éventuelle rançon que votre entreprise nous paiera, du moins, je l’espère pour vous.

- Si ce n’est pas le cas, que ferez-vous de moi ? demanda Jamie.

- Allez savoir, dit Sydney en haussant les épaules. Mais j’espère que vous avez été durant ces années, un élément indispensable au bon fonctionnement de votre banque.

Les pirates ricanèrent et se remirent à l’ouvrage. Au loin, Jamie aperçut une dizaine de navires qui voguaient vers la même direction. Des bricks, dont certains étaient en piteux état, mais aussi trois frégates, dont celle où il se trouvait. En pivotant sur lui-même, il se rendit compte qu’ils se trouvaient en pleine mer. Celle-ci, d’un bleu très foncé, était peu agitée, avec quelques creux qui se dessinaient. Le vent soufflait franchement, mais ne déstabilisait pas le moindre du monde des femmes habituées à se mouvoir parmi des voiles complètement déployées. Jamie se risqua à demander où ils se dirigeaient. Personne ne lui répondit, jusqu’au moment où Newilia, la numale lionne, percevant cette demande répétée, descendit de son cordage et se planta devant le prisonnier :

- Bah alors ? Le petit oisillon couine ? Il veut retrouver son nid ? Dommage pour toi ! On fille tout droit vers notre petit paradis, qui pourrait se révéler être un enfer pour toi !

Elle éclata de rire.

Publié dans Nouvelles, Fantasy

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